J'étais finalement parvenu à faire céder Amy pour pouvoir lui acheter la fameuse robe rouge qui lui allait à mes yeux excessivement bien. C'est donc avec un sourire fier que je suis sorti en sa compagnie pour rentrer comme convenu à l'appartement, mais c'était sans compter sur le mauvais temps qui n'avait pas cessé depuis mon arrivée en début d'après-midi. Je me suis arrêté devant l'immense baie vitrée de centre commercial, levant quelques instants les yeux vers le ciel menaçant avant de poser quelques instants mon regard sur Amy franchement pas assez vêtue pour affronter le déluge à l'extérieur. Profitant de ma résistance au froid et de ma bonne humeur, je lui ai posé ma veste à capuche sur les épaules, prenant par la même occasion la parole d'un ton enjoué. « Interdiction de me remercier. Maintenant, on fonce. » C'est après un léger rire que je suis finalement sorti dehors, un peu surpris par l'intensité de la pluie, l'orage ne tarderait pas à se faire menaçant. Le temps avait réellement décidé de s'acharner sur mon sort ces derniers temps.. J'ai instinctivement accéléré le pas pour en venir à courir sans devancer Amy qui me suivait sans vraiment de difficultés. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, l'appartement était en vue pour mon plus grand soulagement. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur de l'immeuble que j'ai pris quelques instants pour m'observer avec un léger soupir. J'étais trempé jusqu'aux os et à cause - ou grâce - à ça, mon simple t-shirt me collait à la peau, laissant apparaitre les formes de mon torse finement musclé. Un sourire s'est étiré au coin de mes lèvres alors que je me suis permis un coup d'oeil vers Amy, c'est en frissonnant que j'ai constaté que son haut était devenu transparent. Elle allait me rendre fou. Merde, ce n'était que ma colocataire après tout. Tout en reprenant mes esprits, j'ai ouvert la porte pour la laisser entrer, la refermant derrière nous sans pouvoir m'empêcher de râler. « Quel temps de chien, j'ai horreur de ça... ». Sans me gêner le moins du monde, j'ai retiré mon haut pour me diriger ensuite vers ma chambre histoire d'enfiler un t-shirt sec. Ce n'est qu'une fois fait que je me suis demandé si ça avait été une bonne idée, elle avait l'habitude de me voir torse nu mais ce soir une tension était présente entre nous deux, pas le genre de tension désagréable mais plutôt électrique. A l'instant où je revenais vers le salon, le tonnerre gronda.

J'étais complètement stupéfaite en fixant la pluie tomber par rafale au-delà des portes coulissantes du centre commercial. Le ciel était réellement d'un gris quasiment noir qui annonçait presque fièrement l'orage qui éclaterait d'ici peu sur la ville. Le pire était surtout qu'à cet instant je devais me mettre sous cette pluie battante pour faire le trajet afin de rentrer à l'appart' et dieu sait que je hais cette satanée pluie. J'arrivais pas vraiment à me l'expliquer parfois, parce que j'adore l'eau, si je vois une piscine ou la mer je ne peux m'empêcher de plonger, une attraction incontrôlable, c'est tellement grisant de nager, se sentir flotter comme si l'on volait, mais s'il s'agit de la pluie, c'est pas la peine d'y penser je ferais n'importe quoi pour éviter l'eau que j'adore en temps normal. En même temps mon côté paradoxale dans presque tous les domaines n'est pas réellement nouveau... Mais là je n'avais aucune échappatoire, à part bien entendu si je trouve subitement un stratagème diabolique qui permet d'éviter chaque perle de pluie qui vient du ciel, ce qui était tout bonnement impossible. Je fus surprise lorsque Cooper me mit son sweat à capuche sur mes épaules avec un léger sourire, l'espace d'un instant sa chaleur se répercuta dans tout le haut de mon corps et son odeur m'enveloppa complètement. Comme un cocon de bien-être. Puis je le vis se précipiter sous les affreuses gouttes d'eau et je réalisais qu'il fallait que je fasse de même. Et merde. Je m'empressais de lui emboiter le pas et bien vite malgré notre pas de course on se retrouvait tous deux trempé comme s'il l'on sortait d'une douche. C'est avec un énorme soulagement que je poussais la porte de notre immeuble, enfin au sec. Enfin façon de parler parce qu'avec toute la pluie qu'on s'est pris on n'en reste pas moins tout mouillé, j'étais persuadée que s'il l'on prenait un de nos vêtements en le torsadant pour enlever l'eau superflue, une marre se formerait à nos pieds. Sans vraiment y faire attention, je suivais Coop' après qu'il ai ouvert la porte de notre appartement et alors que j'allais faire une remarque plutôt cinglante sur le temps et les imbéciles que nous étions d'être sortis sans avoir regardé la météo auparavant, aucun son ne sorti de ma bouche. Cooper enleva son tee shirt devant moi, quelques gouttes coulant encore le long de son torse et je me surpris à me demander ce que cela pourrait faire si c'était mon doigt qui courrait délicatement sur lui en suivant le même chemin qui terminait sur son bas-ventre... Je reprenais mes esprits en le voyant revenir dans le salon, alors que j'étais restée planté là sans bouger depuis qu'on était rentré, puis j'ai sursauté lorsque je vis l'éclair puis un léger cri s'échappa de mes lèvres quand le tonnerre retentit. Damnation, j'en avais presque oublié que l'orage me foutait une trouille bleue...

Vu l’acharnement que le destin accomplissait sur moi, j'avais toutes les chances de tomber malade suite aux intempéries de cette journée qui heureusement avait été bonne grâce à Amy. C'est quand même fou qu'une personne puisse éclairer ma journée aussi facilement, qui plus est ma colocataire. En entrant dans l'appartement je me suis surpris à me rincer discretement l'oeil sur Amy comme précédemment à la cabine d'essayage. Mince, finalement la pluie n'avait pas tellement d'inconvénients que ça puisque grâce à elle - ou à cause -, le haut de la jeune femme était devenu légèrement transparent, dévoilant ainsi quelques unes de ses formes avantageuses même si je n'avais jamais douté sur ce point. J'avais déjà eu l'occasion de la voir en short - soutien-gorge ou en sous-vêtements tout court mais aujourd'hui elle ne produisait plus du tout le même effet sur moi, c'était bien plus.. Non, il ne fallait pas que je commence à penser à tout ça sinon j'allais être fou avant l'heure. Après m'être mordu la lèvre inférieure l'espace de quelques instants, je me suis donc dirigé vers la salle de bain de façon à me changer rapidement avant d'entendre un léger cri aigu provenant forcement d'Amy puisqu'il n'y avait en ce moment personne d'autre que nous deux. J'ai doucement froncé les sourcils en revenant vers le salon, ne saisissant qu'au bout d'un moment la raison de sa peur, ce n'est pas la première fois qu'elle était terrorisée à l'approche d'un orage. Laissant place à un fin sourire détendu plutôt qu'à mon air inquiet, je me suis approché d'elle de façon à la prendre ne serait-ce que pendant quelques secondes dans mes bras malgré la tension toujours palpable entre nous deux même si celle-ci n'était pas forcement négative, juste.. Étrange pour ne pas dire légèrement excitante ce qui n'arrangeait pas vraiment les choses. Soucieux de penser à autre chose le plus vite possible, je me suis dirigé vers la cuisine effleurant bien malgré moi le bras d'Amy du bout de mes doigts. « Pâtes à la carbonara pour ce soir ça te va ? ». Comme souvent je n'ai pas attendue sa réponse pour ouvrir un placard et sortir des pâtes, nous avions à peu près les mêmes goûts culinaires et elle comme moi raffolons des pâtes à toutes les sauces. J'ai ensuite simplement posé une casserole d'eau sur le feu, profitant d'être dos à elle pour fermer les yeux et souffler lentement. J'étais conscient que tout pouvait déraper au moindre geste et pour une fois je prenais le temps d'apprécier ma faculté de résister à la tentation.. Ou d'y céder.

Assise sur un des sièges bar de la cuisine, je fixais Cooper en train de s'activer parmi les différentes casseroles et ingrédients sur le plan de travail pour nous concocter à manger pour ce soir. S'il y avait bien une chose que j'appréciais plus que de raison chez cet homme c'était sa cuisine. Dieu comme c'était agréable d'avoir quelqu'un qui s'occupait de faire à manger, superbement bien qui plus est, au lieu de mes immondes essais culinaires. Et encore fallait-il que j'arrive à terminer un plat sans atterrir dans la boîte à pharmacie entre temps. D'aussi loin que je m'en souvienne mes talents culinaires ne s'était au grand jamais révélés pour plutôt laisser place à des catastrophes. Quand ce n'était pas les œufs qui se brisaient seul ou la farine que je renversais partout, c'était le four que j'oubliais d'éteindre ou mes doigts qui rencontraient malencontreusement le couteau. J'avais lâchement fini par abandonner l'idée de bien cuisiner un jour pour ne plus mettre en péril ma sécurité lors de l'application des recettes ou bien mes proches au moment de manger ce que je pouvais ramener de la cuisine de l'enfer. A l'opposé, Cooper était un grand spécialiste de certaines recettes, autant dire ses favorites comme il les pratiquait plus souvent, et puisque nous avions pratiquement les mêmes goûts cela signifiait surtout qu'il était un spécialiste pour mes plats favoris, ce dont j'étais comblée. Je cherche d'ailleurs toujours un moyen de le remercier à ma manière pour tout ce qu'il peut faire pour moi, je devais bien avouer que cela me tenait à cœur de pouvoir lui faire plaisir aussi d'une certaine manière, mais pour l'instant je relayais cette pensée au second plan pour me concentrer sur ses gestes agiles dans notre petit espace pour manger. Un nouveau bruit de tonnerre éclata et je ne pus m'empêcher à nouveau de sursauter en me retournant pour faire face à l'immense ciel noir par la fenêtre. L'idée qu'une tempête pouvait se déclencher me frôla l'esprit l'espace d'une seconde et je frissonnais violemment à cette stupide idée.

« Sérieusement, pourquoi la pluie, l'orage ou même l'hiver existe ? C'est tellement plus appréciable de ressentir le soleil réchauffait notre peau, la lumière éclairait les alentours et de voir les oiseaux volaient dans un ciel dénué de nuages. Je veux l'été. »

J'étais consciente de bougonner comme une petite fille qui faisait un caprice et il était évident que Coop' en était parfaitement conscient aussi vu le rire qui sortit de sa bouche. Il se retourna, sans doute afin de me répliquer quelque chose, mais ce fut à ce moment que je me rappelais que je ne m'étais toujours pas changée, portant ce tee-shirt blanc mouillé. La tension était palpable...